Germaine Acogny dans Sacre #2 “Mon élue noire”
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- Publication : 26 novembre 2017
- Écrit par Angelika Prox-Dampha

La « Grande Dame de la danse africaine » Germaine Acogny en performance solo au festival de danse « Kay Fecc ». La marraine de l’édition 2017 a impressionné par sa prestation chorégraphique. Malgré son âge de plus de 70, elle a remis une apparition remarquée sur la scène de l'Institut Français le 20 Mai 2017. Le public l'a célébrée avec des ovations. Ceux qui avaient attendu des danses africaines à la musique bienheureuse de tambours étaient certainement très surpris de voir cette interprétation profonde de l'œuvre « Les sacres de printemps » de Stravinski.
La chorégraphie "Le Sacre 2 - Mon Elue Noire" du chorégraphe souvent controversé Olivier Dubois, qu'il a développé en 2014, a été spécifiquement conçu sur mesure pour Germaine Acogny. Germaine, qui est non seulement une icône de la danse moderne africaine, est descendante d'une prêtresse Youruba et se regarde même comme son incarnation. De plus les deux artistes, Oliver et Germaine, sont également fascinés par le sujet de la mystique et la recherche des origines de l'existence humaine. La performance dans le rôle « l'élue noire » mystique était un projet longtemps proposé par Béjart mais c'est que maintenant que cette idée a finalement pu être réalisée.
La pièce « Le Sacre du printemps » de Stravinsky s'inscrit parfaitement dans le contexte africain. Au niveau du sujet les éléments spirituels et mythiques, le sacrifice rituel d'un être humain, tout pourrait provenir d’un conte africain. Au niveau musical, les techniques appliquées comme les superpositions polyrythmiques des motifs, l'utilisation d'instruments à cordes comme percussions, avec des structures de répétition apériodiques, la division rythmique en un certain nombre de très petites unités et à l'évolution des signatures de temps, pour ne citer que quelques-uns, fait ressembler un peu de la façon des tambours africains.
Dans son interprétation, Germaine Acogny fait allusion à la violence et l'impact de la colonisation et ses effets destructifs. Elle cite Césaire, Discours sur le colonialisme (1950). « La colonisation, je le répète, la colonisation, déshumanise l'homme même le plus civilisé. ». Dans la scène finale, elle commence à peindre tout en blanc jusqu'à ce que la protagoniste se suicide en se faisant saigner à mort de sang blanc.
La musique même avec sa sonorité pompeuse et le rythme dur est déjà très impressionnante. La présentation visuelle était extraordinaire et étonnante. Le minimalisme de la mise en scène, l` utilisation extrêmement conceptualisée et précise de l'éclairage et du brouillard, un décor noir simple avec une actrice était un énorme défi pour l'artiste et toute l’équipe.
Germaine Acogny, toute seule sur scène, supportée que par la lumière et le brouillard, a produit des images impressionnantes et vives. Elle a excellé non seulement par l'expression presque de son langage du corps, elle a aussi fasciné par son apparence quelque fois androgyne et presque mystique. Elle toute seule a rempli toute la scène. Avec des poses dansées, des mouvements naturels mais toujours contrôlés, des mouvements rythmiques, centrés au milieu du corps, elle a pu transférer son énergie au public.
Ce fut une belle expérience d'avoir pu assister à la performances. Cependant, c'est grâce à toute l’équipe que cette soirée a été un tél succès.